Film récent hors compétition
La mère
Mikio Naruse
Chef Op : Hiroshi Suzuki
Japon
1952
1h37
VOST
Mar. 1er Mars
Megarama
16H15
Dim. 6 Mars
Megarama
10H30
Masako tient une modeste blanchisserie en périphérie de Tokyo. La vie est dure, et les dégâts de la guerre se font encore sentir. Mais sa fille ainée est pleine de gaité et d’espoir. Et les moments de joie ne manquent pas : on sort au parc. Hélas, l’adversité est parfois très forte. Si la vie s’effondre peu à peu autour d’elle, Masako reste une mère de famille vaillante, toujours debout et souriante dans la tourmente.
Naruse réussit à saisir la complexité et l’incertitude. Un tour de force !
- Réalisateur : Mikio Naruse
- Image : Hiroshi Suzuki
- Scénario : Yoko Mizuki
- Musique : Ichiro Saité
- Avec : Kinuyo Tanaka, Kiyoko Kagawa, Eiji Okada
Critique(s)
La Mère (1952) a longtemps bénéficié de deux statuts : celui d’unique film de Mikio Naruse visible en Europe, mais aussi, tout simplement, celui d’un des rares films japonais que l’on connaissait en France. Au début des années 50, seuls trois longs métrages venus de l’archipel étaient exploités dans nos salles : Rashomon, La Porte de l’Enfer et La Mère, ce dernier représentant la seule occasion, pour les cinéphiles français, de découvrir le Japon d’après-guerre sur grand écran.
Retrouver La Mère aujourd’hui, plus de 60 ans après sa sortie française, est un événement. (Dossier de presse)Auteur de la critique
La Mère reste l’une des meilleures œuvres pour comprendre le Japon urbain d’après-guerre, celui de l’occupation et de la reconstruction. Le film est vraisemblablement tourné à Setagaya, l’un des « arrondissements spéciaux » créés en 1947 par la préfecture de Tokyo. On y croise de nombreux bâtiments détruits (comme celui en face de la maison familiale), mais on y développe aussi les transports en commun, comme aiment à le rappeler certaines scènes. Les Américains sont là, ils encadrent la nouvelle vie du peuple japonais, et vantent les vertus de la démocratie à travers le cinéma venu d’Hollywood. La langue anglaise entre dans les mœurs, comme en témoignent les dialogues du film, où sonnent des mots nouveaux. Mais Naruse choisit malicieusement des clins d’œil à la culture européenne : le boulanger confectionne un pâté « Picasso » et entonne l’air napolitain “O sole mio” ; plus tard, la famille fredonne “Ah ! vous dirais-je, maman” et un cinéma annonce la sortie prochaine de La Renarde (1950) des Anglais Michael Powell et Emeric Pressburger. La culture occidentale, interdite ou déconseillée pendant le conflit, est maintenant partout et Naruse semble s’en réjouir. (Dossier de presse)Auteur de la critique
Ce mélodrame ne hausse jamais le ton. Il n’est pas là pour faire pleurer Margot. Juste pour dire que ces petites gens sont les vrais héros de notre temps. Et d’abord la mère, une mère jamais résignée qui ne vit que pour les siens, se réjouit avec eux et pour eux, comme lors du jour de fête dans le quartier… À peine a-t-on le temps de la voir essuyer une larme.
À peine : c’est le ton même de ce film pudique, qui dit que l’héroïsme n’a pas besoin d’actions d’éclat, qu’il est affaire de tous les jours. « Le temps passe vite », disent deux des protagonistes. Voilà : on dira que c’est un film sur le temps qui passe, et comme il passe. On aime, et beaucoup, qu’il le dise avec cette retenue, sans jamais hausser le ton.Émile Breton, L’Humanité, 2 juin 2021